Intégrer les tablettes à sa pratique de classe

Comment réussir l’intégration des tablettes dans sa pratique de classe ?

1-Oser changer sa gestion de classe

Quelles que soient les habiletés et les affinités technologiques des enseignants, le principal défi reste d’ordre pédagogique : l’intégration réussie des tablettes en classe implique que l’enseignant interroge et ose transformer les activités d’apprentissage proposés aux élèves.

Les tablettes ne permettent pas en soi de faire évoluer les pratiques, elles les facilitent.

L’équipement des écoles ne permet généralement pas de mettre une tablette entre les mains de chaque élève.

Ce qui semble être une contrainte matérielle se révèle un avantage pédagogique puisqu’il permet de rompre avec un modèle traditionnel de la classe où tous les élèves font la même chose en même temps.

2- Travailler en atelier

Le fonctionnement en atelier est la condition pour réussir l’intégration des tablettes dans la classe.

Les enseignants qui ont l’habitude de travailler de cette façon auront plus de facilité à sauter le pas et à concevoir des situations d’apprentissage optimisant l’utilisation d’un nombre limité de tablettes.

Pour les autres, cela peut devenir une opportunité de transformer sa façon de faire, de repenser sa gestion du groupe et son utilisation de l’espace-classe.

L’organisation en atelier présente plusieurs avantages :

  • Elle permet aux élèves de travailler à leur rythme et de développer leur autonomie ;
  • Elle favorise la collaboration, les interactions entre élèves ;
  • Elle favorise une pédagogie active développant la créativité et l’innovation.
  • Elle permet à l’enseignant de mettre en place une différenciation pédagogique ;
  • Elle permet à l’enseignant qui se sent peu à l’aise avec la technologie de commencer avec moins d’élèves à la fois et de ne pas être submergé par d’éventuels problèmes techniques.

3-Faire autrement

La recherche démontre que lorsque les enseignants ont accès à de nouveaux outils technologiques, leur premier réflexe est de les utiliser en reproduisant leurs pratiques traditionnelles.

C’est particulièrement vrai des tableaux numériques interactifs souvent utilisés dans la continuité du tableau vert ou blanc pour permettre à l’enseignant d’écrire ou de projeter un contenu dont les élèves ne sont que les spectateurs.

Selon le modèle SAMR, élaboré par Ruben Puentebura pour analyser l’intégration des TICE dans les pratiques, ces usages relèvent de la substitution : la technologie améliore une situation traditionnelle sans toutefois apporter un changement fonctionnel.

Source : Sébastien Stasse (@sstasse)

Exemple
Demander aux élèves d’écrire leur dictée sur la tablette n’apporte pas de valeur ajoutée.
En revanche, l’enseignant redéfinit l’usage de l’outil s’il l’utilise pour enregistrer sa voix afin de permettre à l’élève en difficulté d’écrire sa dictée à son rythme (sur papier) ou s’il incite l’élève à utiliser la synthèse vocale pour vérifier si ce qu’il a écrit a du sens (fonction « énoncer » sur Ipad).


Remarque : la reconnaissance vocale (démarche inverse) peut également répondre aux besoins des EBEP dans la classe. Sur iPad, la fonction s’appelle « Dictée » et est accessible sur le clavier virtuel.


La Dictée permet de saisir du texte grâce au microphone sans utiliser le clavier : 
https://support.apple.com/fr-fr/HT208343

Une tablette n’est pas non plus ordinateur.

Tablette et ordinateur sont deux outils différents aux usages complémentaires.

La tablette est un outil de création nomade qui offre de nouvelles opportunités d’apprentissage par la création de productions multimédia à l’aide d’une interface tactile et intuitive.

L’intuitivité de l’utilisation doit permettre de maximiser le temps consacré au contenu plutôt qu’à la maitrise technique (voir par exemple les avantages liés à l’utilisation des QR codes).

Sa taille réduite permet à l’élève de l’utiliser à sa table en complément d’autres supports traditionnels (cahier, manuel, fiche, carte…), éventuellement simultanément.

Un exemple en géographie

Associer la tablette et la carte papier

La tablette est un couteau suisse numérique : c’est à la fois un bloc-notes, un carnet de croquis, un dictaphone, un appareil photo, une caméra.

Les fonctionnalités de base (appareil photo) et les applications pré-installées (sur Ipad : Dictaphone, Pages, Keynote etc.) offrent souvent plus de possibilités pédagogiques que des applications d’éditeurs tiers, plus sophistiquées mais limitées à un usage spécifique.

Exemple de la camera de l'Ipad

Le mode Caméra de l’appareil photo de l’Ipad permet de filmer à des vitesses différentes.

Cela offre des possibilités intéressantes sur le plan pédagogique.

« Ralenti » permet de capturer des phénomènes trop rapides pour être perçus à l’œil nu ou de décomposer le mouvement



A l’inverse, « Accélerer » permet de capturer des phénomènes trop lents pour le spectateur (principe du timelapse) : vie des végétaux, déplacement d’un blob, course du soleil…



4- S’approprier la tablette

Avant de mettre en place des projets dans le cadre de la classe, il est important que les enseignants soient formés à l’utilisation des tablettes, s’approprient leur fonctionnement et expérimentent, de préférence en équipe, les possibilités offertes par l’outil.

Pour lever l’obstacle de la prise en main technique, à condition que la mairie propriétaire du matériel l’autorise, on peut conseiller aux enseignants d’emprunter une tablette pour « se faire la main ».

5-Cibler ses intentions pédagogiques

Pourquoi des tablettes en classe ? Il est indispensable que l’enseignant se pose la question et apporte ses réponses.

Les raisons d’intégrer les tablettes en classe sont multiples :

  • Limiter l’utilisation du papier en partageant des documents numériques que l’on puisse annoter ;
  • Fournir une aide aux EBEP ;
  • Faciliter l’accès à l’information et développer les compétences de recherche et de traitement de l’information ;
  • Développer la créativité des élèves ;
  • Éduquer aux médias et à l’information par projet de création d’un journal, d’un podcast, d’un blog ;
  • Améliorer les compétences orales ;
  • Évaluer la fluence ;
  • Mettre en œuvre un projet d’écriture collaborative…

« Utiliser le numérique » ne peut pas être une fin en soi !

Voici  7 situations d’utilisation des tablettes tactiles en classe dans les écoles de la circonscription du Soissonnais (Académie d’Amiens):

Une bonne méthode est de partir des besoins: quelle(s) compétence(s) je veux travailler ? existe-t-il une application qui apporte une plus-value pour l’apprentissage ? comment va l’utiliser en classe ?

Exemple:
Je souhaite aider un enfant allophone à acquérir le vocabulaire de base de la langue française.
Je cherche une application orientée vocabulaire FLE qui m’aidera à différencier ma pédagogie.
J’utilise cette application sur une tablette en fond de classe pour permettre à mon élève d’acquérir le lexique en autonomie.

6- Choisir les applications

Le RECIT, réseau québécois qui œuvre pour le développement du numérique éducatif, classe les applications en cinq grandes catégories :

  • Création
  • Consultation
  • Consommation
  • Partage
  • Communication

Les applications de création sont à privilégier car elles permettent aux élèves de produire et d’être actifs dans leur processus d’apprentissage et pas simplement consommateur.

Exemple d'utilisation des tablettes dans le cadre d'un projet (la Coupe de Robotique des Écoles Primaires)





Il est fondamental de faire comprendre aux élèves que les usages de la tablette à l’école diffèrent des usages qu’ils peuvent en avoir à la maison.

Le choix des applications et l’accompagnement de l’enseignant sont des facteurs qui contribuent à la plus-value cognitive des usages en classes.

Le recours aux exerciseurs, que le RECIT classe parmi les applications de consommation, doit faire l’objet d’une vigilance particulière :

  • l’application permet-elle à l’enseignant de faire le suivi des résultats des élèves ?
  • si ce n’est pas le cas, que prévoit-on pour que les élèves reportent leurs résultats (tableau, feuille de score, etc) ?
  • quel retour sur activité pour que les élèves explicitent leurs procédures ?

7- Développer les compétences des élèves

Le nouveau cadre de référence des compétences numériques (CRCN) définit les compétences numériques que doivent acquérir les élèves et leurs niveaux de maîtrise progressive au long de la scolarité.

Ces compétences font l’objet d’une certification en fin de cycle 4 au collège et au cycle terminal du lycée.

Aux cycles 2 et 3, l’utilisation des tablettes permet aux élèves d’acquérir progressivement ces compétences.

Quelles que soient les disciplines, toute activité de lecture, d’écriture et d’expression orale peut potentiellement prendre appui sur des supports ou des outils numériques, notamment les tablettes.

Le site Eduscol propose aux enseignants des pistes de mise en œuvre.

Sources consultées:
https://ecolebranchee.com/dossier-tablettes/